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320 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
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sier établi dans la Grande-Bretagne sous le règne glorieux et prospère de la grande Élisabeth.
Mortlake. — La fortune de l'atelier de Mortlake, fondé par Jacques Ier, apparaît donc comme un phénomène à peu près unique dans l'histoire de l'industrie. On connaît imparfaitement les circonstances qui accompagnèrent sa création. Vers 1619, Jacques Ier aurait fait venir des Flandres plusieurs tapissiers expérimentés, les aurait installés dans le voisinage de Londres, à Mortlake, en les plaçant sous la direction de sir Francis Crane, chancelier de l'ordre de la Jarretière. Francis Crane était-il, lui aussi, d'origine flamande, comme des érudits belges l'ont prétendu, en affirmant que Crane était la corruption du nom flamand Craene? Son titre de chancelier de l'ordre de la Jarretière nous paraît en contradiction avec cette hypothèse. Quoi qu'il en soit, gràce aux subsides fournis par le roi de la Grande-Bretagne, sit' Crane imprima rapidement au nouvel établissement une activité faite pour inspirer de vives inquiétudes au commerce des Pays-Bas.
Dès 1620, cinquante tisserands au moins, tous recrutés dans les Flandres, travaillaient aux métiers de haute lice installés à Mortlake. Quelques années plus tard, des artisans renommés, parmi lesquels figure un cles fils de van Quickelberghe, ce tapissier d'Au-denarde qui avait été successivement chercher fortune à Arras, puis à Lille, vinrent se joindre à leurs compatriotes, et trouvèrent le meilleur accueil auprès de Charles Ier.
Sur les sommes consacrées à la manufacture par les deux souverains sous lesquels elle atteignit son plus haut degré d'éclat et de prospérité, nous ne possédons que cles renseignemente vagues et contradictoires. Ce qui parait indubitable, c'est qu'à partir de l'avènement de Charles Ier, sir Francis Crane trouva chez le roi le concours le plus absolu, et put puiser à pleines mains dans le trésor de l'État.
L'acquisition des fameux cations de Raphaël, négociée à Bruxelles par Rubens, fournit à la.nouvelle manufacture des modèles incomparables. Il faut avouer qu'il se rencontra parmi les artistes attirés en Angleterre sous Charles Ier un homme d'un talent supérieur pour donner à ces compositions grandioses des cadres dignes d'elles. Ce fut une surprise extrême quand on exposa pour la première fois, en 1876, les Actes des apôtres, tissés à Mortlake, et enfouis depuis
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